PROTÉGER, SOUTENIR, ÉMANCIPER LES FEMMES

Rouen dispose d’un “Plan Ville féministe 2022-2026” et d’actions importantes (lutte contre les stéréotypes, UMAY, Journée du 8 mars, soutien aux associations, formation de la police municipale). Mais les rapports présentés en conseil municipal sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, et la réalité vécue par les femmes dans notre ville, montrent aussi les limites de la politique actuelle :

  • Le PAVIF (pôle accueil des victimes de violences intrafamiliales), pourtant indispensable, ne reçoit qu’une subvention annuelle limitée de la part de la municipalité (17 000 €) et n’offre qu’un accueil partiel et éclaté entre partenaires. Ses locaux sont contraints, ses horaires restreints, et sa visibilité insuffisante pour répondre à l’ampleur des besoins.
  • La lutte contre les violences sexistes et sexuelles progresse (formations de la police municipale, actions dans les écoles, déploiement de l’application UMAY avec 78 “safe places”), mais les actions restent fragmentées. Il n’existe aucun plan municipal de lutte contre les VSS coordonné rassemblant associations, établissements scolaires, clubs sportifs, lieux festifs, transports, police municipale et services de la Ville.
  • Il n’y a actuellement aucune politique d’autonomie économique des femmes menée par la Ville. L’entrepreneuriat féminin, pourtant crucial pour l’émancipation, est quasi absent : seules quelques initiatives ponctuelles (comme un projet soutenu via la Bourse Tremplin) sont citées.

À Rouen, l’enjeu n’est donc pas d’ajouter des actions symboliques, mais de structurer, renforcer et prolonger ce qui existe.

Nos 3 propositions phares

1. Renforcer le soutien au PAVIF et accompagner son installation dans de nouveaux locaux adaptés

Aujourd’hui, le PAVIF fait beaucoup, avec très peu. C’est pourquoi, en renforçant le partenariat avec les services de l’Etat, nous proposons de :

  • Pérenniser et renforcer les financements de la Ville pour ce sujet essentiel.
  • Aider le PAVIF à s’installer dans des locaux plus spacieux, accessibles et sécurisés, permettant un accueil digne, confidentiel et continu des victimes.
  • Structurer un parcours cohérent avec le CHU, les services de l’Etat, les associations et les services municipaux.

Objectif : donner à Rouen une structure efficace, visible et pleinement équipée face aux violences intrafamiliales.

2. Adopter un plan municipal de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS)

Les actions actuelles (UMAY, formations ponctuelles, 25 novembre, sensibilisation en écoles…) doivent être fédérées et élargies. Nous proposons :

  • Une formation systématique de tous les agents municipaux et élus, au-delà des simples encadrants — dans la continuité de ce qui a été amorcé pour la Police Municipale et les agents d’accueil.
  • Un référent VSS dans chaque direction municipale.
  • Un protocole de signalement clair et lisible pour agents, habitantes et associations. (Aujourd’hui seulement 5 signalements internes en 2024 — un signe de sous-déclaration).
  • Une stratégie coordonnée avec les acteurs du territoire : associations, établissements scolaires, campus, clubs sportifs (où des problématiques sont déjà identifiées), lieux festifs, bailleurs sociaux, police municipale.
  • Des campagnes annuelles dans les écoles, universités, centres sociaux, bibliothèques, piscines, gymnases (déjà identifiés comme “safe places”).
  • La mise en oeuvre d’une conditionnalité au versement des subventions aux clubs sportifs et associations culturelles et de jeunesse sur la mise en oeuvre d’une politique interne de lutte contre les VSS et d’actions réelles en faveur de la féminisation.

Objectif : passer d’actions dispersées à une politique structurée, proactive et évaluée, à l’image des grandes villes engagées.

3. Soutenir l’entrepreneuriat des femmes et leur autonomie économique

La Ville de Rouen n’a aucune stratégie économique en faveur des femmes. Nous proposons de créer une véritable politique municipale :

  • Un programme “50 entrepreneures à Rouen” : accompagnement, mentorat, mise en réseau, formation, accès au micro-financement.
  • Une meilleure prise en compte de l’égalité dans les dispositifs économiques municipaux et métropolitains (commerces, appels à projets, soutien aux entreprises locales).
  • Une valorisation des entrepreneures dans les événements économiques de la ville.

Objectif : permettre aux Rouennaises d’entreprendre, d’innover, de s’émanciper — un angle mort actuel de la politique municipale.

Pour aller plus loin

  • Adopter une charte municipale de l’égalité, opposable à toutes les structures subventionnées.
  • Renforcer les outils existants (UMAY, sensibilisation, éducatif) en les intégrant dans un plan global VSS.
  • Créer un Observatoire local de l’égalité pour mesurer annuellement : violences, emploi, entrepreneuriat, représentation dans l’espace public et accès aux services.
  • Déployer des marches exploratoires de femmes dans les quartiers pour améliorer l’éclairage, la lisibilité, la sécurité et l’accessibilité.
  • Étendre les initiatives de prévention déjà menées dans les écoles et lors des événements (“Rouen donne des Elles”, ateliers No Incest, etc.) pour en faire une politique lisible et continue.